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News - 30 août 2022

La photographie amateur et mobile, des dangers pour le professionnel ?

Aujourd’hui, la technologie est partout. Elle nous promet même de contribuer à la flèche du progrès. En matière de photographie, cette technologie nous offre des smartphones de plus en plus perfectionnés ; les objectifs pour la réalisation de photos s'améliorent à chaque nouvelle version. Ces innovations représentent-elles un danger pour un photographe professionnel ? Faisons le point.

Un savoir-faire & un studio, des nécessités ...

Les approches entre un photographe amateur et un photographe professionnel sont différentes ; le second gère notamment un emploi du temps et des cahier des charges à respecter.

En tant de photographe professionnel, un brief détaillé m’est imposé lors de chaque mission,  avec un certain nombre de photos à réaliser à une date précise. La gestion du planning, la patience et la prise de recul sont consubstanielles à mon métier. Je prépare ainsi les photos, en réfléchissant à la mise en scène, au choix du cadrage, de la lumière et du stylisme là où le photographe amateur déclenche selon ses envies, disons "sans contrainte". Si la lumière n’est pas idoine, le photographe amateur ne réalisera pas ses photographies alors qu'un photographe professionnel devra travailler la lumière pour obtenir une image aux couleurs estivales ou automnales, une lumière plus ou moins douce et contrastée, etc.

Les délais d’impression et de distribution sont également à prendre en compte. Je dois toujours photographier en décalé. L'exemple du catalogue est symptomatique. Si celui-ci doit être distribué à Noël, les photographies devront être réalisées en septembre. Il faut donc prévoir un stylisme adapté aux différentes saisons, par le choix de différentes vaisselles (assiettes, plats, verres, saladiers, etc), de différents couverts, diverses planches ou sets de table/serviettes ; pour ainsi dire, tous les arts de la table. Il faut donc un véritable espace pour stocker.

Mon jardin apporte aussi de la fraîcheur aux visuels par le choix de petites fleurs ou fines herbes, essentielles pour finaliser une image gourmande. Cet endroit, au départ un investissement, doit aussi être entretenu. Aussi, la question des tarifs s'intercale, seulement, est-ce une bonne question à se poser ?

Mon métier est à la fois artistique et complexe. Mon rôle de photographe culinaire est complémentaire avec celui d'un styliste culinaire. Si le photographe amateur peut lui aussi réaliser des photographies culinaires, le résultat sera nécessairement moins abouti. En effet, je peux travailler des sujets complexes, des matières qui peuvent fondre, changer de couleur, de texture sous les éclairages. Je dois poser des méthodes de travail adaptées pour susciter l’envie de déguster. Je travaille avec minutie et patience pour arriver au résultat souhaité. Je « triche » parfois avec des astuces afin qu’une recette soit plus attrayante en visuel qu’en réalité, l’envie suscitée compte alors davantage que l’exactitude du plat réalisé.

La photographie mobile, une menace ?

La photographie mobile a des avantages indéniables puisque nous pouvons immortaliser un moment en quelques secondes. Dans certaines situations c’est un atout, surtout lorsqu’il faut agir vite sans la contrainte du poids de l’appareil photo. Nul besoin de préparer les réglages car le téléphone est toujours à porté de main. C’est donc un confort, sans sac à dos ni équipement sur le dos. Grâce à la rapidité et au confort du téléphone, le photographe laisse place à sa spontanéité. Dans ces cas-là, je ne prévois pas, je ne prépare pas, je déclenche. Je peux ainsi appliquer quelques filtres avec certaines applications pour donner plus de caractères au visuel.

La photographie mobile permet de profiter des photographies de manière plus détendue et improvisée. Elle représente donc une menace pour le travail des professionnels. En effet, on peut croire que la photo est une expertise facile à appréhender, que n’importe qui peut être photographe. Or, le monde d’« Instagram » est très éloigné du monde réel, il ne représente pas les obstacles auxquels nous devons faire face au quotidien.

De nombreuses choses ne pourront être réaliser par les personnes qui utilisent seulement Instagram et le téléphone mobile. Cela passe par un investissement économique pour avoir un équipement de qualité afin de pouvoir réaliser, stocker, transmettre des poids de fichiers importants. Et oui, on l'oublie mais le client doit pouvoir réaliser de belles impressions pour des affichages en grand format.

Une formation au métier de photographe est généralement nécessaire pour savoir :

  • gérer la lumière
  • gérer la profondeur de champ
  • reproduire fidèlement les couleurs et le volume d’un produit
  • effectuer des paramètres pour définir un flou ou figer un mouvement
  • etc.

Je pense qu’aujourd’hui que la photographie mobile et certaines applications comme Instagram sont seulement des outils et supports de communication. Si j’ai déjà réalisé de belles photographies avec mon smartphone, il manque selon moi la qualité et la luminosité. En vivre est impossible. Techniquement, il est difficile de réaliser des prises de vues (studio, publicitaires, animalières, de sport, de beauté) qui nécessitent un grand piqué pour être agrandies. Les photos exigent une taille minimale, la qualité d’un capteur dépend de sa taille, de même que pour les objectifs, ce sont donc des caractéristiques physiques et optiques, et non technologiques.

Le smartphone restera, à mon sens, un objet du quotidien pour faire des photos de voyages et de la vie courante. Pour le reste, il faudra s'extraire des optiques grand public et oser l'investissement pour dépasser ce que vous pensez pouvoir réaliser seul. J'ai écrit un sujet qui s'intitule "la photographie culinaire ou l'art de sublimer les produits" ; devenir "photographe professionnel" n'exige-t-il pas, comme dans d'autres domaines, de l'entraînement, vous savez, la fameuse théorie des 10 000 heures de pratique ?