La révolution de la photographie numérique doit nous ré-apprendre à être patient

En tant que photographe culinaire expérimentée dont le métier est de sublimer les produits, j’ai eu la chance de connaître l’argentique. La meilleure façon d’apprendre la photographie, avec le recul. L’argentique, c’est avant tout une histoire de temps, le temps pour les réglages de lumière, de l’exposition, du cadrage, le temps d'attendre le coursier pour aller et revenir du laboratoire, à l'époque le film se développait.

Le temps, à commencer par la sensibilité de la pellicule argentique, plus fine que le pixel numérique. La pellicule va nous donner plus ou moins du grain, plus le nombre ISO sera faible (par exemple pour l’extérieur ou une pièce avec beaucoup de lumière), plus le grain aura une finesse.

Mais une fois la pellicule dans l’appareil, on ne peut plus changer la sensibilité, ni passer du noir et blanc à la couleur, alors qu’en numérique c’est immédiat.

Avec le numérique, je peux améliorer mon image en post-production, ce qui est impossible avec l’argentique.

Mais attention, le numérique pourrait me donner de mauvaises habitudes, cliquer, shooter, recommencer, c’est vrai que c’est top mais si je ne prends pas de recul, je ne réfléchis plus à ce que je veux faire de mon visuel.

Cette étape est très importante pour moi, ne pas déclencher pour rien, il faut que je construise mon image, me dire quand appuyer sur le déclencheur.

Je peux dire que l’argentique m’a appris à être patiente et à shooter les bons moments. L’argentique apportait une émotion ; l’instant de découvrir par le révélateur, dans la chambre noire, l’image se révéler petit à petit, ce suspens que nous avons perdu avec le numérique.

Aujourd'hui, je peux dire que le passage au numérique me permet d'être plus souple, j'ai le résultat immédiatement, si le visuel ne plaît pas, je recommence et/ou je propose plusieurs variantes aux clients car pas de frais de films, et celui est rassuré par le choix de différents visuels.